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Comment utiliser mes données Sencrop pour améliorer l’efficacité de mes traitements ?
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Les conditions météorologiques idéales pour la pulvérisation

Mis à jour il y a plus d’une semaine

L’efficacité des traitements phytosanitaires est très dépendante des conditions météorologiques lors de leur application. L’hygrométrie, la température, la vitesse du vent et la pluviométrie sont des données fondamentales afin de s’assurer de l’efficacité d’un passage.

D’autres paramètres météorologiques comme le point de rosée, la direction du vent et la vitesse des rafales peuvent également être pris en compte afin d’optimiser l’intervention.

Selon le mode d’action du produit, les conditions météorologiques idéales changent. De plus, les indicateurs à prendre en compte selon la zone d’application et la sélectivité de la matière active influencent l’intérêt de considérer ou non une variable météorologique.


Données à observer

Pluviométrie

L’efficacité de la pulvérisation sera particulièrement réduite à partir du moment où il pleut lors de l’intervention. Une part importante des produits appliqués partira dans l’environnement, causant par ailleurs une pollution environnementale

En effet, les eaux de ruissellement et d’infiltration transporteront la matière active vers les eaux souterraines et de surface. De plus, la partie aérienne de la plante sera recouverte d’une pellicule d’eau, empêchant la pénétration du produit.

Il est aussi important d’être vigilant aux prévisions météo concernant la pluviométrie. Les produits phytosanitaires de contact doivent rester de manière prolongée à la surface de la plante. Une pluie peut enlever cette couche de produit, provoquant une contamination environnementale et réduisant l’efficacité du traitement. Selon le produit, la quantité de pluie provoquant son lessivage change mais le seuil de 20 mm de pluie est couramment admis (Davy, Institut Français de la Vigne et du Vin, 2016).

Température

La température optimale de traitement est dépendante de la nature du produit phytosanitaire employé et chaque produit dispose de sa plage d’utilisation idéale. Il est important de se référer à la notice du produit à appliquer afin d’optimiser le traitement.

La réceptivité des organismes est également corrélée à la température. Des valeurs extrêmes ralentissent leur métabolisme. De fortes amplitudes thermiques sont également préjudiciables, notamment pour les produits racinaires appliqués en post-levée et les herbicides foliaires de contact (Verdier et al., 2012). En effet, les amplitudes entre le jour et la nuit de plus de 15°C ralentissent le métabolisme des plantes. La matière active s’accumule dans l’organisme et ne peut pas être évacuée, causant des problèmes de phytotoxicité (Chambre d’agriculture Bourgogne, 2012).

Enfin, la température impacte la qualité de la pulvérisation (Chambre d’agriculture Bourgogne, 2012). Un air chaud (et sec) provoque une évaporation à la sortie du pulvérisateur plus importante (>25°C). Généralement, la pulvérisation est conseillée pour une plage de température comprise entre 5 et 25°C. Néanmoins, ces préconisations sont dépendantes du produit phytosanitaire employé.

Hygrométrie

L’hygrométrie est un paramètre clé pour optimiser la pulvérisation. Une intervention en conditions limitantes réduit la réceptivité de la plante et augmente les pertes dans l’environnement.

Une humidité trop faible participe à intensifier l’évaporation car une partie des gouttelettes du produit sont trop légères et s’évaporent dès la sortie du pulvérisateur. D’autre part, une humidité trop élevée (proche de 100%) est préjudiciable car la matière active est transportée par l’eau présente en surface, sous forme de rosée, avec un risque de ruissellement ou lixiviation dans l’environnement.

Le matin et la soirée se présentent comme les meilleurs moments pour la pulvérisation car la valeur d’hygrométrie est généralement favorable. Le matin notamment est le moment privilégié car le couvert a profité des fraîches températures de la nuit, les cuticules des plantes sont réhydratées et plus réceptives au produit.

(unité de la frise = %)

Vitesse du vent

La vitesse du vent est le paramètre météorologique le plus limitant pour la pulvérisation. Il s’agit d’une variable importante soumise à la législation. L’objectif est de limiter au maximum le phénomène de dérive dont les conséquences environnementales sont importantes.

L’efficacité de la pulvérisation est dépendante de la vitesse du vent car l’objectif est que le maximum de matière active atteigne sa cible. Une amélioration de l’efficacité du traitement permet de réduire le nombre de passages, donc les coûts d’intrants et de mécanisation associés.

On privilégie les vitesses du vent les plus faibles possibles. Au-delà d’une certaine valeur, le risque de dérive devient élevé et il faut agir avec précaution. Certains dispositifs comme des formes de buses et des équipements facultatifs du pulvérisateur permettent de limiter la dérive malgré une vitesse du vent légèrement plus importante. L’utilisation d’adjuvants spécifiques permet également de réduire le risque de dérive.

(unité de la frise = km/h)

Rafales

L’indicateur de rafales est un paramètre supplémentaire qu’il est intéressant de consulter. “Les rafales rendent la direction du vent imprévisible et peuvent annoncer une inversion de température” (Deveau, 2009). Ainsi, si la vitesse des rafales est élevée, il est préférable de planifier la pulvérisation à un autre moment.

Point de rosée

La rosée est un indicateur intéressant pour juger de l’efficacité du traitement. La présence de rosée augmente la perméabilité de la plante (Gauthier, Moigny, 2014) car les cuticules sont en bon état et réhydratées, le produit pourra pénétrer plus facilement.

Cet indicateur permet également d’évaluer la bonne fixation du produit sur la plante. Si la rosée est trop importante, le produit ruissellera lors de la pulvérisation et le traitement ne sera pas efficace. L’agriculteur peut constater concrètement les conditions en tapotant une feuille, si la rosée présente sur la feuille ruisselle il est préférable d’attendre sinon la pulvérisation est possible (Verdier et al., 2012).


Conditions météo précédant et suivant l’intervention

Le suivi des conditions météorologiques des jours précédents et suivants l’application du produit phytosanitaire peut être intéressant selon la nature du pesticide utilisé.

En effet, les herbicides notamment, “sont d’autant plus efficaces qu’ils sont appliqués en conditions poussantes” (Arvalis, 2014). Un temps poussant correspond à une succession de journées avec des conditions météorologiques favorables à la croissance : forte hygrométrie (supérieure à 60%) et températures fraîches (entre 4°C et 18°C).

Par ailleurs, une pulvérisation à la suite d’un épisode de gel important est risqué car les plantes peuvent présenter des blessures de l’épiderme. Le risque de phytotoxicité est alors fort. Également, un traitement avec un herbicide foliaire systémique après une sécheresse est moins efficace car les cuticules des plantes sont épaissies. Ainsi, le suivi des paramètres météorologiques autour du traitement est intéressant pour se faire une idée de l’efficacité de l’intervention.


Conclusion

Trouver une fenêtre de traitement où tous les paramètres sont favorables à la pulvérisation est difficile et la notion de compromis est essentielle pour déterminer le créneau de pulvérisation optimal, en lien avec son emploi du temps.

Les conditions météo propices sont plus facilement réunies le matin, où l’hygrométrie est élevée et les plantes plus réceptives. Un traitement en soirée est possible également mais il faut être plus vigilant vis à vis des conditions météo de la journée qui peuvent avoir diminué la sensibilité au produit du couvert.


Sources

  1. CHAMBRE D’AGRICULTURE BOURGOGNE, 2012. Optimiser la pulvérisation.

  2. DAVY, Alexandre, et INSTITUT FRANAIS DE LA VIGNE ET DU VIN, 2016. Rappel sur le comportement des différents fongicides et impacts pratiques sur leur utilisation

  3. GAUTHIER, Marine, and MOIGNY, Frédéric, 2014. Optimisation de la pulvérisation

  4. VERDIER, Jean-Luc, ARVALIS, INSTITUT DU VÉGÉTAL, CENTRE TECHNIQUE INTERPROFESSIONNEL DES OLÉAGINEUX MÉTROPOLITAINS (FRANCE), et UNION NATIONALE INTERPROFESSIONNELLE DES PLANTES RICHES EN PROTÉINES, 2012. Produire plus et mieux: 56 solutions concrètes pour réduire l’impact des produits phytosanitaires: a practical guide ISBN 978-2-8179-0110-7.

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